J’entends respirer un autre monde

Est-ce utopique, folie, impossible

Que de vouloir que tous les êtres humains

Soient égaux en droit et en dignité

Et que les étrangers soient considérés comme des frères ?

 

Est-ce utopique, folie, impossible

Que de vouloir que chaque être humain

Mange, soit logé, aille à l’école, ait un travail ?

 

Est-ce utopique, folie, impossible

Que de vouloir que les maladies soient éradiquées

Que l’accès à l’eau soit un droit pour tous ?

 

Est-ce utopique, folie, impossible

Que de vouloir que les femmes et les enfants

Ne sautent plus sur des mines anti-personnelles ?

 

Est-ce utopique, folie, impossible

Que la force, la guerre et l’argent

Ne soient plus des instruments de domination et d’exploitation ?

 

Alors ? Si on me traite d’utopiste,  j’assume et j’en suis fière

Fière d’être parmi ces milliers de fous qui peuplent l’univers

Et qui croient qu’un autre monde est possible, indispensable !

 

Un autre monde où la vie d’une personne

Vaudra plus que tout l’or du monde

Car ce monde, chaque personne de ce monde,

Dieu les habite. Il en est le Père !

 

Beaucoup d’entre nous ne serons plus là pour assister à son avènement

Mais quand tout est calme, si je prête une oreille attentive,

Je l’entends respirer.

Texte de Arundhati Roy, jeune romancière indienne

Proposé par Anny Haas et Michel GIRARD, coordinateur des Cercles de silence