Les passeurs de livres de Daraya – Delphine Minoui

« Il était une fois une petite fille qui aimait la musique dès son plus jeune âge. Sa mère, qui était enseignante, lui racontait souvent que, quand elle était un fœtus dans son ventre, elle interagissait avec les voix des élèves lorsqu’ils chantaient et bougeait en rythme.
Alors sa maman et son papa l’ont inscrite dans une école de musique.
Beaucoup de personnes ont critiqué cette décision sous prétexte qu’ils n’avaient pas assez d’argent.
La fille s’est même sentie coupable, mais sa mère lui a dit que la musique était aussi importante que la nourriture et que la famille pouvait manger moins pour nourrir son âme de musique. »

Histoire vraie, contée il y a peu, par une petite jeune fille syrienne que nous connaissons bien. Ses paroles m’ont beaucoup touchée. Tant par ce qu’elles disent des aspirations d’une enfant, que par la réponse apportée.

Peut-être avons-nous pensé, nous aussi, ne serait-ce qu’un instant, qu’il y avait d’autres priorités dans la vie. Alors qu’ailleurs, si proches de nous, des humains meurent sous les bombes, n’est-il pas dérisoire, voire provocateur de parler d’art et de culture ?

Plongez d’urgence dans le livre de Delphine Minoui, paru en 2017 : « Les passeurs de livres de Daraya ». Dans une Syrie dévastée où tout manque, dans la ville de Daraya assiégée depuis 3 ans par l’armée de Bachar, bombardée quotidiennement, des jeunes gens se donnent pour mission, parfois au péril de leur vie, de sauver des livres des décombres et de constituer une bibliothèque secrète.

« Les livres ne peuvent pas arrêter la guerre ni empêcher les bombes de tomber, mais pour ces jeunes, explique Delphine Minoui, ils aident à rester humain, à s’accrocher à la vie, à maintenir éveillée une lueur d’espoir. »

Les tyrans brûlent les livres, détruisent les statues, brisent les doigts des guitaristes. Ou alors, ils font d’une culture corsetée, étroitement surveillée, un instrument de propagande. Mais accepter que les cœurs s’ouvrent à la beauté, à l’émotion, à l’altérité, que les esprits se frottent à d’autres visions du monde, se forgent une opinion, un jugement personnel leur est absolument insupportable.

Alors résiste Lilit ! Tu pourrais reprendre à ton compte cette phrase que l’on prête à Winston Churchill : « Si ce n’est pour la culture, pourquoi nous battons-nous ? »

Chante pour nourrir ton âme et celle des autres !

Marie