DNA Dernières (bonnes) nouvelles de l’administration #9 – Armina

Vendredi 31 mars. Armina m’appelle pour dire qu’elle est convoquée à la préfecture vendredi 7 avril pour déposer sa demande de titre de séjour. Elle est tout excitée mais à la joie se mêle de l’hésitation. « Mon frère et mon père m’ont dit qu’ils ne travaillent pas ce jour parce qu’il est férié. »

Mais bien sûr, c’est Vendredi Saint, jour férié en Alsace-Moselle, héritage du Reichsland. Serait-il possible que l’administration préfectorale ne se plie pas au droit local ? Heureusement que les téléphones actuels conservent l’historique des appels. Nous pouvons donc appeler la préfecture sans passer par le standard. Exposé de la situation à la personne qui a décroché. Elle nous relie au bureau concerné. Je pose la question du Vendredi Saint. Moment d’hésitation de la fonctionnaire puis : « Bien sûr, j’avais oublié qu’en Alsace, c’est un jour férié. » Elle vient de s’avouer Alsacienne de récente date ! Puis elle nous propose de déplacer le rendez-vous au mercredi matin à 9 h 30. Nous acceptons sans hésiter.

Armina devra demander à l’hôpital d’être libérée une demi-journée. Demande accordée sans problème.

Mercredi matin, nous partons dès huit heures. Pas question d’être en retard ; le souvenir des embouteillages matinaux à l’approche de Strasbourg est encore vif. Surprise ! La circulation est plutôt fluide et à 8 h 45, nous voilà stationnés à côté de la préfecture. Il faudra patienter. Armina préfère attendre dans la voiture. Elle regarde du coin de l’œil l’imposant bâtiment à sa droite et avoue sa crainte. Jusqu’à présent, il n’en est sorti rien de bon pour elle et sa famille. À 9 h 15, nous nous dirigeons vers l’entrée de la préfecture. Comme d’habitude, une longue queue s’est formée. Sa convocation permet à Armina de la dépasser et d’entrer directement. Nous pénétrons dans le hall des guichets, là où d’habitude se déposent les demandes et où sont remis les documents demandés. Armina remarque que les guichets sont identifiés par des lettres alors qu’elle est convoquée au bureau N° 20. Nous ressortons vers l’accueil. On nous dirige vers le couloir en face : « Demandez à l‘appariteur, il vous guidera. » Au fond du couloir, une petite table, un homme et une jeune femme qui discutent.  « Bonjour, nous sommes convoqués au bureau 20 ». « C’est pour moi, je vous attendais » dit la jeune femme. Elle nous pilote à travers un dédale de couloirs jusqu’à son bureau. Armina remet les documents à fournir, laisse ses empreintes digitales sur le boîtier idoine ; la jeune femme part faire quelques photocopies puis revient. Elle prépare le récépissé, demande à Armina de vérifier soigneusement les données d’état civil puis nous invite à l’attendre dans le couloir. Elle revient quelques minutes plus tard et remet à Armina le récépissé de demande de titre de séjour, ce précieux document qui dit à toutes les administrations et polices du pays qu’Armina est en situation régulière.

La jeune femme précise à Armina que le délai de fabrication de la carte de séjour est d’un à deux mois et nous pouvons repartir.

Armina sort de la préfecture sur un petit nuage. Enfin, au bout de six années d’incertitude, elle sait qu’elle pourra rester en France et y faire des projets d’avenir.

 

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